C’est la dernière entreprise semi-industrielle de lavage de laine en France et elle est située à Saugues. Il s’agit de Lavage Laines du Gévaudan. Elle est née de l’association entre Laurent Laine et les Ateliers de la Bruyère. Alors que d’autres entreprises françaises ont disparu, concurrencées par la Chine ou les pays de l’Est, elle a su mettre en avant son savoir-faire et développer ce secteur de niche. Un espace muséographique La Lainerie du Gévaudan a même vu le jour.

Quelle est l’histoire de cette entreprise ?

Pascal Lafont : Cette entreprise a été créée il y a deux ou trois ans, avec mon associé Patrick Laurent. Elle est le fruit d’une association entre deux sociétés, Les Ateliers de la Bruyère et la SARL Laurent Laines qui est un matelassier. Patrick Laurent représente la 5è génération de cette entreprise, qui, par le passé, était une filature et qui possédait un vieil outil lavage.

Tout le travail a été de déménager la structure et de moderniser l’entreprise. C’est aujourd’hui la dernière entreprise semi-industrielle de lavage de laine en France. Nous avons créé un Pôle Laine qui nous permet de proposer des prestations de service.

Quelles sont ses spécificités ?

Nous travaillons avec de vieilles machines que nous avons eu la chance de récupérer au sein de la famille Laurent. Nous avons plusieurs bacs de lavage. Certaines machines datent, pour certaines, de la fin du 19è siècle. D’autres sont des années 50, voire 70. Il a fallu les adapter aux contraintes actuelles et recréer une ligne performante.

4 salariés sont affectés au lavage de la laine. Il faut compter trois grosses journées de lavage et une journée de maintenance du matériel, afin d’effectuer des opérations d’entretien, de graissage et de nettoyage. On traite tous types de laines : des blanches, de plein champ ou de bergerie et des laines de couleur comme la Noire du Velay. Mais aussi des laines plus fines comme la Mérinos ou bien encore de l’Alpaga.

Quel est le principe de lavage de la laine ?

C’est assez simple en fait. C’est un système de lavage en continu. Nous avons un salarié qui est affecté à l’alimentation de la ligne au début de la chaine de lavage. Il y a une ouvreuse qui tombe les plus grosses « crottes » de la laine, avant qu’elle ne tombe dans un premier bac de lavage, dans lequel il y a de l’eau chaude, du bicarbonate de soude et un tout petit peu de savon biodégradable.

Ainsi, la saponification se fait naturellement. C’est un lavage local et certifié bio. Pour chaque journée de lavage, nous traitons deux tonnes de laine en suint. On en perd la moitié, car la moitié de la laine est constitué de gras. Afin qu’elle soit la plus propre possible, nous enchaînons trois bacs de lavage constitués environ de 18m3 d’eau chaude, afin d’enlever la graisse et de rendre la laine la plus hygiénique possible.

Après chaque bac, elle est essorée. Nous la rinçons ensuite dans un bac avec l’eau du ruisseau. Il n’y a aucun impact sur la nature, on se permet de pomper l’eau au même endroit qu’on la rejette. On utilise ensuite un séchoir à air pulsé. C’est un autre salarié qui la réceptionne à la fin de la ligne, une fois qu’elle est sèche. C’est à ce moment-là qu’elle peut être empaquetée et expédiée à notre client.

Qui sont vos clients ?

Nous avons une centaine de clients essentiellement en France. Ils nous envoient leur laine, qui, une fois lavée, va être utilisée pour faire, par exemple, du feutre ou du matelas. Certains clients font appel à nous pour laver 50 kilos de laine et d’autres pour plusieurs tonnes.

Parmi nos clients, nous avons Laurent Laines, Ardelaine qui se trouve en Ardèche, Laine et Compagnie, dans la Creuse, ou bien encore le Collectif Tricolor qui vient d’être créé et qui regroupe des sociétés comme Tediber, Le Sud Français, Devernois, et même LVMH. Ce collectif a pour objectif de relancer une filière industrielle autour de la laine.

Un mot sur L’espace muséographique La Lainerie du Gévaudan ?

C’est l’une des résultantes du travail que nous avons engagé à travers le Pôle Laine, dont l’une des actions est consacrée à la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine. C’est un espace muséographique qui se situe au premier étage de l’ancienne usine Borde à Saugues, et qui est situé sur le chemin de Saint-Jacques. Il est consacré aux éléments de production, autour d’un atelier de feutrage et d’un atelier de bonneterie.

Des visites libres ou guidées sont proposées au public afin qu’il puisse voir fonctionner les éléments de production, jusqu’à la transformation de la laine, et qu’il puisse visionner des photos et des vidéos sur l’histoire lainière. C’est également l’occasion de découvrir l’histoire des trois entreprises emblématiques qui existaient à Saugues, à la fin du 20è siècle, et qui travaillaient pour de grandes marques de tricots. Il y a enfin un volet culturel, avec une exposition saisonnière consacré à John Holker, un tisserand anglais du 18è siècle, qui était venu travailler au Puy-en-Velay.

Pratique :
Lavage de laines du Gévaudan – Moulin Neuf
43170 Saugues
Tél. : 06 67 65 60 76 / 06 25 67 64 67
Courriel : lavagedelaine@orange.fr