Pierre Testud est le dernier artisan dentellier dans le Velay
Dans son atelier des bords de la Gagne aux Pandraux, sur la commune de Lantriac, Pierre Testud est reconnu pour être le dernier artisan dentellier en Velay. S’il est officiellement à la retraite depuis quatre ans, il refait fonctionner parfois ses métiers à fuseaux mécaniques pour quelques curieux et passionnés qui n’hésitent pas à faire des kilomètres pour le voir et découvrir les machines utilisées autrefois pour confectionner la dentelle.

C’est un métier que vous avez découvert très jeune ?
Pierre Testud : C’est un métier que j’ai découvert à l’âge de 15 ans et même un peu avant, car mes parents avaient emménagé dans une maison de dentellier, dans laquelle se trouvaient quelques machines. J’ai voulu arrêter d’aller à l’école et j’ai eu l’opportunité de travailler chez Vacher frères comme nettoyeur et c’est là que j’ai appris mon métier.
Je suis devenu attacheur, attacheur qualifié, chef d’équipe, tourneur, contrôleur fraiseur, dessinateur, monteur, monteur-dessinateur, dessinateur-échantillonneur et puis l’entreprise a fermé.
Vous avez créé votre propre atelier ?
Oui. Je me suis installé en 1986 sous l’enseigne « Testud Dentelles ». J’ai bénéficié d’un petit coup de main des établissements Fontanille. Ensuite, j’ai acheté mes propres machines avant de me lancer dans l’aventure face aux grosses maisons qui existaient à l’époque.
Il a fallu que je dessine mes propres modèles car je ne disposaient pas assez de jacquards, les ancêtres des patrons utilisés dans la couture et surtout que je parte à la recherche de clients. J’ai fait de l’export et cela m’a réussi. Tout a commencé avec des clients allemands qui s’étaient arrêtés un jour à l’atelier. J’en ai eu d’autres par la suite, qui ont été séduits par la qualité de mes dentelles. Je reconnais que j’ai eu de la chance. J’avais 70 métiers à dentelles et j’ai pu créer 8 emplois. C’est à la fin de l’année 2020 que j’ai fermé l’atelier car l’activité a décliné.

Quels types de dentelles fabriquiez-vous ?
Des modèles en dentelle très fins. J’ai travaillé pour Etam, pour Lou et des grosses boîtes comme ça. Il a fallu évoluer ensuite, en utilisant d’autres textiles comme la viscose, du lin ou la soie.
La dentelle mécanique a fait vivre des milliers de personnes en Haute-Loire ?
Énormément ! Peut-être 30.000 ou 40.000 personnes ! Il y avait 167 fabriques de dentelles en Haute-Loire jusqu’en 1960.
Que trouve-t-on aujourd’hui dans votre atelier ?
Tout le matériel qui permet de créer un modèle. La plupart des machines que l’on trouve ici ont été fabriquées en Allemagne, elles sont très anciennes, mais elles fonctionnent toujours. J’en ai également une qui a été fabriquée en Haute-Loire.
Vous faites encore tourner vos métiers à dentelles ponctuellement ?
Oui. Sur réservation, j’ouvre mon atelier à celles et ceux qui s’intéressent à la dentelle mécanique. J’ai reçu des gens qui venaient de Strasbourg, de Bordeaux, de Nantes, de Toulouse, de Limoges… C’est une occasion de leur expliquer l’histoire de la dentelle mécanique et celle que j’ai vécue. Il y a un temps pour travailler, un temps pour transmettre la passion du métier et un autre pour le faire découvrir. Je propose des visites sur rendez-vous.
Pratique :
Testud Dentelles
Les Pandraux – 43700 Lantriac
Tél. : 04 71 05 00 26
https://lepuyadentelles.fr/
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