Installé dans son atelier du Puy-en-Velay, Pascal Douillard confectionne et restaure des violons, des altos, des violoncelles datant parfois de plusieurs siècles. Ils sont peu nombreux à exercer une telle activité en France et le métier reste peu connu. Diplômé de l’école internationale de Mirecourt, cet artisan originaire de Vendée, travaille le bois en employant des gestes qui se ressemblent mais à chaque fois précis. Le fruit d’une longue formation qui lui vaut aujourd’hui de faire partie des membres des Luthiers d’art de France.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’exercer ce métier ?

Pascal Douillard : C’est une question très personnelle. L’idée m’est venue lorsque j’étais au collège et au lycée. C’est l’alliage entre le travail manuel et la musique qui m’a plu. J’ai donc fait ma petite cuisine pour pouvoir, par la suite, exercer ce métier. Je fêterai mes 40 ans de carrière l’année prochaine.

Quelle a été votre formation ?

Je me suis inscrit à l’école internationale de Mirecourt en 1984. J’ai eu la chance d’être pris, car il n’y en a que quelques-uns qui ont cette chance sur 500 dossiers. J’ai passé des tests techniques et musicaux, entre autres. Ensuite, il faut faire 3 ou 5 ans avec un brevet de technicien, ou un DMA. On intègre ensuite et durant quelques années, un atelier de lutherie reconnu. Je fais partie aujourd’hui des quelques 350 luthiers recensés en France.

Pourquoi avoir choisi d’installer votre atelier au Puy-en-Velay ?

C’est un choix personnel. J’ai découvert la ville en tant que touriste. Je me suis empreint d’affection pour celle-ci et j’ai eu un coup de cœur. Je me suis installé ici en 2003. Je fête cette année les 20 ans de l’atelier.

Aujourd’hui votre talent est reconnu, vous avez reçu plusieurs prix ?

Ce n’est pas le plus important, mais effectivement j’ai reçu le Prix de la fondation Étienne Vatelot, le Prix Auvergne des métiers d’art et de tradition et j’ai été finaliste du concours de lutherie et de sonorité « Violoncelle en Seine » en 2014. J’ai été fait en 2014 Chevalier de l’Ordre des Arts et des lettres.

Sur quels types d’instruments travaillez-vous ?

En fonction de ce que veulent les musiciens, et parfois les néophytes, je travaille différents instruments. Cela peut être des violons, des altos ou des violoncelles. Parfois, j’ai entre les mains de très beaux instruments, de prestige pour certains.

Un exemple ?

Oui. Je m’en souviens comme si c’était hier ! En stage de formation chez Étienne Vatelot à Paris, j’ai eu l’occasion d’avoir en mains était un Stradivarius, alors que je faisais mes premières armes dans le métier. Son vernis était intact et extrêmement épais. La couleur était transparente, celle du rubis, avec une petite note rose. C’est ce qui m’a le plus marqué.

Quelles techniques utilisez-vous au sein de l’atelier ?

J’utilise plusieurs outils différents pour la réparation, l’entretien ou la conception des instruments. Il y a le canif, qui est un couteau qui ressemble à un cutter. Chaque luthier fabrique le sien. Cela nous permet de couper le bois et de le rogner. C’est l’outil principal, que ce soit pour la fabrication ou la restauration d’instruments.

Et puis, il y a un outil un peu barbare par sa forme que l’on appelle la pointe aux âmes. Cela permet de travailler à l’intérieur des instruments à l’aide d’un cylindre d’épicéa qui permet de faire la jointure entre la table et le fond et de transmettre les vibrations. Cela nous permet de régler les aigus, les graves et les médiums, en fonction des goûts des musiciens. Il faut parfois un mois de travail sur un instrument car cela demande beaucoup de concentration.

Qui sont vos clients ?

Ce sont des musiciens ou des néophytes avec lesquels j’entretiens des relations particulières car chaque instrument est unique. Il y a bien sûr, plus de professionnels et notamment des clients qui se trouvent en Auvergne Rhône-Alpes.

Comment vous contacter ?

Le contact humain est toujours le meilleur, alors bien entendu on peut me téléphoner et planifier un rendez-vous à l’atelier. Cela permet de faire émerger un projet ou de se pencher sur un travail de restauration.

Pratique :
Pascal Douillard
14, rue du Cardinal de Polignac
43000 Le Puy-en-Velay
Tél. : 04 71 05 47 98
www.luthier-douillard.com