Multi-Transports joue la carte des énergies propres
L’invité de la rédaction pour ce mois d’avril est Olivier Jamon, le PDG du groupe Multi-Transports à Solignac-sur-Loire. L’entreprise est engagée dans une démarche RSE. Elle se traduit notamment par le passage aux énergies propres au niveau de sa flotte de camions, à travers l’utilisation de carburants alternatifs ou l’analyse des itinéraires empruntés par les chauffeurs et leurs modes de conduite. L’objectif est d’évoluer vers une décarbonation progressive. C’est une priorité pour l’entreprise qui propose aujourd’hui son savoir-faire à celles qui ne souhaitent pas gérer le transport de leurs propres marchandises.

Que représente aujourd’hui le Groupe Multi-Transports ?
Olivier Jamon : C’est avant tout une entreprise familiale. Elle a été créée par mon grand-père et je représente la 3è génération à la tête de l’entreprise. Elle est essentiellement installée en Auvergne Rhône-Alpes et elle comprend notamment deux sites sur le bassin du Puy-en-Velay. Il y a le siège social à Solignac-sur-Loire et un second site à Blavozy, qui est celui de la société Archer que nous avons reprise en 2019.
Nous sommes également présents à Clermont-Ferrand, à Issoire, à Marennes, dans le sud-est de la région lyonnaise mais aussi à Lille, vers Montluçon, ainsi qu’à Montauban.
Le groupe emploie environ 600 personnes, avec pas loin de 270 personnes sur le territoire du Velay. Notre flotte de camions comporte un peu plus de 450 véhicules. Il y en a près de 200 répartis sur les sites de Solignac-sur-Loire et Blavozy. Notre chiffre d’affaire a été de 75 millions d’euros en 2024.
Que transportez-vous principalement ?
Nous réalisons tous types de transports, hormis celui d’animaux vivants. Ce sont, pour un tiers, des biens industriels, le second tiers concerne les marchandises de la grande distribution et les biens de consommation. Une grosse partie du dernier tiers concerne le monde agricole, de par notre positionnement dans la région.
Enfin, un petit pourcentage est réalisé dans le BTP et des activités diverses et variées. Nous pouvons livrer un carton, une palette jusqu’à un lot complet. Nous pouvons également faire du transport exceptionnel pour certains de nos clients.

Un mot sur l’organisation des transports ?
Ce sont nos collaborateurs du service exploitation qui se chargent de cela. Ils collectent les ordres de transports de nos clients et définissent la meilleure organisation possible pour répondre à leurs demandes, avec les véhicules adéquats. C’est relativement simple d’organiser le transport de 25 tonnes de marchandises d’un point A à un point B.
C’est plus compliqué lorsqu’un client n’a pas 25 tonnes à transporter dans un seul véhicule. Certains ont une, deux ou trois palettes à livrer à Bordeaux. Cela suppose toute une organisation, soit avec nos propres véhicules, soit ceux appartenant à des réseaux de transporteurs. Ce sont, par exemple, des navettes de nuits qui acheminent la marchandise sur des plates-formes. Notre groupe traite environ 300.000 opérations de transports par an. Nous effectuons entre 450 et 500 livraisons chaque jour en Haute-Loire.
Cela suppose une prise de conscience sur le volet environnemental ?
Cela fait longtemps que le volet environnemental est au centre de nos préoccupations. Nous avons obtenu la charte CO2 en 2009 par l’ADEME, avant d’être labellisé en 2015. Nous sommes fiers d’avoir renouvelé notre certification ECOVADIS pour la quatrième année. Nous avons la médaille d’argent Top 15, ce qui signifie que nous sommes dans les 15% des entreprises les plus vertueuses sur le plan environnemental.
Depuis de nombreuses années, les constructeurs de poids-lourds ont travaillé sur le gain environnemental de leurs véhicules. Les nôtres, qui sont renouvelés tous les 5/6 ans, répondent aux dernières normes environnementales. On investit entre 6 et 7 millions d’euros chaque année pour renouveler le matériel.
On dispose d’un centre de formation qui nous permet de travailler sur l’efficience que nos conducteurs peuvent avoir sur l’utilisation de leurs camions. Nous collectons énormément de data sur les véhicules. En fonction des différents critères, avec leurs coefficients de pondération, cela permet de déterminer une note d’efficacité des conducteurs.
Elle tient compte du relief, de la charge transportée et nous permet d’entrevoir des pistes d’amélioration via l’intelligence artificielle. On travaille sur les itinéraires empruntés par les conducteurs afin de minimiser les kilomètres à vide. Tout kilomètre évité se traduit par de la pollution en moins.
Et en ce qui concerne les carburants utilisés dans les véhicules ?
On utilise trois types de carburants alternatifs. Nous avons 5 véhicules qui tournent au biogaz sur des transports bien spécifiques, car ils n’ont que 450 kilomètres d’autonomie. Depuis trois ans, nous utilisons le B100 qui est un résidu du colza. C’est un carburant qui permet de diminuer de 60% les émissions de CO2. Cela permet d’avoir la vignette Crit’Air 1, ce qui sera très important demain pour entrer dans certains ZFE.
L’inconvénient, c’est que cela génère une surconsommation et un sur-entretien des véhicules. Ce carburant n’est utilisé qu’en France, ce qui va poser problème demain au niveau du marché de l’occasion.
Enfin, nous utilisons le HVO, c’est de l’hydronisation d’huile végétale qui provient des résidus industriels ou alimentaires. L’avantage, c’est qu’il est miscible dans le gas-oil et que tous les véhicules peuvent l’utiliser.
Cela permet de réduire de près de 90% les émissions de CO2 mais il coûte bien plus cher que le gas-oil. Nous réalisons chaque année près de 37 millions de kilomètres et consommons environ 11 millions de litres de carburants. Le verdissement de nos flottes de camions génèrent des contraintes et des investissements et nous revient plus cher au niveau des coûts d’exploitation.

Quels objectifs vous-êtes-vous fixés ?
On a publié notre premier rapport RSE en fin d’année dernière, à la suite du comité qui a été constitué avec des personnes de la direction, de l’encadrement, des ressources humaines, de la formation, du service achat et de la communication. Notre souhait est de pouvoir alimenter nos véhicules avec 20% de carburants alternatifs d’ici trois ans et 50% d’ici 2030.
On s’est fixé une baisse de 3% de nos émissions à de gaz à effets de serre dès cette année 2025. On travaille également au niveau des baisses des énergies consommées par nos bâtiments.
Et en dehors du transport de marchandises ?
Le métier du transport est constitué de plusieurs sous activités. Nous sommes également commissionnaires de transports. Nous avons des clients qui nous confient des opérations de transports sans faire appel à nos véhicules. Cette activité nous a permis de renouer avec le marché international.
Nous sommes également logisticiens et nous disposons environ de 40.000 m² sur nos sites. Cela nous permet de proposer du stockage de différents types de marchandises, de la préparation de commandes, de colis, de palettes.
Enfin, nous assurons le pilotage de flux. On s’est aperçu que certains industriels souhaitaient se désengager de la gestion des transports et qu’ils préféraient s’appuyer sur le savoir-faire d’entreprises comme la nôtre. On dispose aujourd’hui de 4 cellules de pilotage pour assurer cette activité. Dans la plus importante d’entre elles, nous avons 12 collaborateurs qui, chaque matin, prennent leur service directement chez notre client. Ils gèrent la totalité des transports par voie routière, ferroviaire, maritime ou aérienne. On a géré l’an dernier, pas moins de 5.000 camions à l’international.
Pratique :
Multi-transports
1 Le Fangeas – 43370 Solignac-sur-Loire
Tél. : 04 71 09 95 00
www.multitransports.fr