Pascale et Stéphane Richy, deux passionnés de théâtre, de spectacle, d’histoire, de couture et de belles étoffes, confectionnent des costumes et des uniformes de différentes époques depuis plus de 30 ans au Puy-en-Velay. Leur savoir-faire, distingué du label Entreprise du Patrimoine Vivant, est aujourd’hui reconnu dans le monde entier. Avec l’aide de leur apprentie, Éleonor, ils conçoivent des pièces qui vont partir dans les musées du monde entier, ou qui vont être au cœur de reconstitutions historiques. Ils travaillent à la demande pour des professionnels, mais aussi pour les particuliers.

Comment est née l’idée de créer cet atelier ?

Pascale : Depuis mon plus jeune âge, je faisais de la couture avec ma mère. Ensuite, j’ai poursuivi cet exercice dans un environnement professionnel. À l’Université, une amie m’a demandé si je voulais coudre les costumes d’un spectacle de théâtre amateur. J’ai été fière de pouvoir le faire ! On m’a demandé l’année suivante d’en faire d’autres pour une nouvelle création concernant les Justes de Camus. C’est à ce moment-là que j’ai décidé d’en faire mon métier et par la suite de créer cet atelier.

Stéphane : J’ai touché un peu à tout quand j’étais jeune. Je me suis intéressé notamment au cuir et au tissage. J’ai suivi une formation liée à l’usage du métal, dans le secteur de la chaudronnerie et du chauffage. Et comme il y a besoin de pièces métalliques dans les costumes, j’ai décidé de travailler avec Pascale.

Quels types de costumes et d’uniformes concevez-vous ?

Pascale : Nous sommes costumiers pour la scène, c’est-à-dire pour le spectacle vivant. Nous avons créé des costumes pour le théâtre, la danse, le spectacle de cirque, et la publicité. En 1989, on nous a demandé de reconstituer les costumes du bataillon des Fédérés qui est parti de Marseille en chantant La Marseillaise afin de rejoindre les armées du Rhin pour la bataille de Valmy.

C’est à ce moment-là que l’on s’est intéressés à la reconstitution d’uniformes historiques. Nous avons eu l’occasion de travailler pour le musée de l’Emperi à Salon de Provence en réalisant un uniforme de fantassin permettant d’illustrer la campagne d’Egypte. On en a également fait un qui est exposé au Musée Napoléon à Paris, à côté de la redingote et du trône de l’Empereur. Nous avons reconstitué dernièrement les costumes de la garde aux drapeaux des Chasseurs à pied de 1845. Ils ont fêté leurs 100 ans d’existence lors du week-end consacré aux Journées du Patrimoine.

Avec quelles matières premières sont-ils conçus ?

Pascale : On va chercher nos matières premières dans toute la France. On a également des fournisseurs en Belgique, en Angleterre, en Allemagne. Parfois, il faut faire teinter le tissu et il faut convaincre les manufactures de travailler pour nous pour de petites quantités. Nous allons nous fournir à Lyon, pour la passementerie d’or. Au Puy-en-Velay, je vais travailler avec un dentellier car j’ai besoin de dentelle pour certaines pièces.

Vous avez beaucoup de demandes ?

Pascale : Oui ! On fait les costumes, les uniformes mais aussi les chaussures et les chapeaux, sans oublier les accessoires. On a énormément de travail, nous devons réaliser cette année deux costumes de clowns blancs et un qui est entièrement couvert de paillettes. On a la tenue de Murat à reconstituer d’après des documents historiques.

On a en projet de travailler avec un régiment de Hussards qui est en train de changer les tenues de ses musiciens. Pour 20 uniformes, il va nous falloir poser 4.000 mètres de tresses carrées et 3.600 boutons ! Il va falloir des mètres et des mètres de tissus et de cuir pour confectionner des pantalons de charivari.

Votre savoir-faire est unique ?

Stéphane : Oui, pour cela on se plonge dans les ouvrages des historiens et on se déplace beaucoup dans les musées pour voir les pièces originales, et faire tous les relevés. C’est cela qui nous a permis de développer notre savoir-faire. Pour faire un dolemment de Hussard, par exemple, il faut 35 heures de travail !

Pascale : Lorsque l’on fait une étude sur une pièce originale dans un musée, ce n’est pas simplement pour savoir comment le costume est coupé, c’est aussi de comprendre comment il est monté, comment il est cousu. Du coup, on a appris énormément de techniques en observant les pièces originales. Nous avons eu l’occasion d’exposer notre savoir-faire à l’école militaire de Paris à l’occasion des Journées du Patrimoine, à travers un uniforme du Dragon du 18è régiment, un uniforme de fantassin avec le drapeau de son régiment, et celui de Napoléon.

Vous avez été distingué par le label Entreprise du Patrimoine Vivant ?

Pascale : Oui. C’est une reconnaissance du travail réalisé par les gens qui exercent des métiers d’art. Il n’y en a pas beaucoup qui possèdent cette distinction. On l’a obtenu, car nous avons développé un savoir-faire au niveau de la coupe et du montage des costumes, mais aussi au niveau de l’utilisation du métal, du feutre, du cuir, des plumes, ou des bijoux. Nous avons été distingués à trois reprises !

Fait-on appel à vous pour les Fêtes du Roi de l’Oiseau au Puy-en-Velay ?

Pascale : On ne veut pas empiéter sur le travail réalisé depuis 30 ans par les organisateurs des fêtes au niveau des costumes. On a cependant créé une collection qui s’appelle « Presque à porter » qui est composée de vêtements de base pour les hommes et les femmes à l’époque de François 1er. Ils sont réalisés sur mesure et à partir des tissus choisis.

Votre clientèle est internationale ?

Pascale : Oui. On réalise les uniformes des mannequins exposés au Musée du Mémorial de la bataille de Waterloo en Belgique, on a beaucoup de clients là-bas. On a travaillé avec le Musée Marengo en Italie. On a quelques clients spécialisés dans les reconstitutions historiques au Canada et aux États-Unis. Nous avons également travaillé pour des clients Danois. Enfin, nous avons des gens de toute la France qui viennent nous voir.

Comment peut-on se procurer les costumes et uniformes ?

Pascale : Les gens peuvent venir ici à l’atelier. C’est ce que font d’ailleurs ceux qui veulent un costume pour les fêtes du Roi de l’Oiseau. Mais il faut s’y prendre à l’avance, car créer un costume demande du temps !

Vous proposez également des stages ?

Pascale : Stéphane a proposé cette année des stages pour apprendre à faire un képi. Nous proposons également un stage loisirs qui apprend aux femmes à réaliser le corps d’une robe, qui est un élément essentiel sous François 1er.

Pratique :
Le Chat Botté Costumier
7, boulevard Maréchal Joffre
43000 Le Puy-en-Velay
Tél : 04 71 01 02 84
www.lechatbotte.net

Crédits photos : Le Chat Botté Costumier