À Chanteuges, le Conservatoire naturel du saumon sauvage a pour mission de maintenir les populations de saumon de l’Atlantique. Pour cela, il est doté d’une technologie de pointe qui permet d’élever les poissons dans des conditions très proches du milieu naturel. La pisciculture permet de faciliter le repeuplement du saumon sauvage de la Loire et de l’Allier et offre aux restaurants gastronomiques la possibilité de le proposer au menu.

Quelles sont les particularités de la pisciculture ?

Céline Bérard : Nous ne sommes pas une pisciculture classique car notre mission est de sauvegarder l’espèce de saumon de l’Allier et de la Loire. Pour cela, nous les élevons dans des conditions qui se rapprochent le plus du milieu naturel, afin qu’ils puissent être réintroduits dans la rivière, reprendre le cours de leur vie, se reproduire et donner des poissons à la génération suivante. Cela permet de participer à la sauvegarde de l’espèce. La pisciculture compte 8 salariés, dont 6 pisciculteurs qui sont d’astreinte pour répondre aux exigences de l’élevage.

C’est une structure à la pointe de la technologie ?

C’est une structure qui permet un recyclage de l’eau que l’on utilise afin d’avoir moins d’impact sur l’environnement. Nous sommes dans l’optique d’élever des poissons afin qu’ils soient immunisés par rapport à ce qu’ils rencontrent dans la rivière. On travaille avec de l’eau brute de rivière, que l’on filtre très peu, ce qui permet de maintenir les poissons dans des conditions très proches du milieu naturel.

Les éclairages que l’on utilise, suivent la lumière du jour. Ils s’allument quand le soleil se lève et ils s’éteignent quand il se couche. C’est important pour les poissons qui partent en migration, afin qu’ils suivent des cycles naturels dans des bons « timings ». Nous avons des charges d’élevages qui sont très faibles et un renouvèlement d’eau très important. Tout cela fait que nos poissons ne sont pas issus d’un élevage classique.

Quelle est votre principale mission ?

Notre mission commence dès la capture des géniteurs dans le milieu naturel, lorsqu’ils reviennent du Groënland et qu’ils ont parcouru plus de 10.000 ou 15.000 kms, en fonction des trajectoires qu’ils ont emprunté. On les capture à hauteur de Vichy, sur l’Allier, et on les ramène au Conservatoire. Tout l’enjeu est de les conserver et de permettre leur reproduction, afin d’obtenir des descendants que l’on va relâcher dans la rivière, pour soutenir les effectifs de poissons présents naturellement sur l’Allier.

Combien de lâchers sont effectués chaque année ?

Nous relâchons chaque année, entre 300.000 et 400.000 saumons au stade de jeunes alevins et qui sont issus des reproductions effectuées en novembre et en décembre, au sein du Conservatoire. Les lâchers sont effectués au printemps de l’année suivante.

L’aménagement du barrage de Poutès facilite leur survie ?

L’aménagement du barrage de Poutès offre deux atouts indéniables. Le premier est qu’il va permettre de rouvrir l’accès aux poissons venus se reproduire dans la rivière, car c’est là où le taux de survie est le meilleur. Cela permettra également aux jeunes saumons qui partiront en migration de ne pas perdre trop de temps à trouver un chemin de passage, car il va être totalement transparent. C’est une grande avancée qui permettra aux saumons de ne pas perdre de temps, car on sait qu’il est limité.

Ils sont capables de passer de l’eau douce à l’eau salée pendant une certaine durée de leur vie. S’ils passent trop de temps entre chaque barrage, ils risquent de mourir avant de rejoindre la mer. Le barrage a bien pris en compte le cycle de vie des saumons et a réussi à concilier la production d’énergie d’une part, et les enjeux écologiques liés à la présence de ces grands poissons migrateurs.

Peut-on visiter la salmoniculture ?

Des visites de la salmoniculture sont proposées toute l’année pour les groupes et sur réservations. En période estivale, des visites libres sont proposées les lundi, mardi, et jeudi après-midi, à 15h et 17h, ainsi que le week-end.

On peut trouver le saumon sur la carte de grands chefs altiligériens ?

Cela fait partie de nos objectifs de diversification. Pour participer activement à la sauvegarde du saumon, on a mis en place une filière à destination des restaurants gastronomiques afin de sensibiliser les personnes qui s’y rendent, à la sauvegarde de cette espèce emblématique. Le saumon de rivière qu’il peuvent déguster a la particularité d’avoir une couleur plus claire que celui que l’on a l’habitude de consommer, car il ne mange pas les petites crevettes marines qu’il trouve en mer.

Dans l’élevage classique, on ajoute un pigment artificiel dans l’alimentation afin qu’il ait cette couleur. On peut déguster notre saumon chez Philippe Brun, à Alleyras et chez Régis et Jacques Marcon, à Saint-Bonnet-le-Froid.

Des projets ?

À court terme, on souhaiterait le rendre plus accessible chez d’autres chefs. Nous sommes en train d’organiser toute une filière de distribution pour augmenter notre diversification. Mais pour cette année 2021, c’est uniquement chez les restaurateurs que l’on peut le déguster.

Pratique
Conservatoire national du saumon sauvage
Larma – 43300 Chanteuges
www.saumon-sauvage.org
Tél. : 04 71 74 05 45