Un ouvrage consacré à la fresque des Arts libéraux du Puy, l’une des plus belles peintures murales du XV siècle en France, vient d’être publié par la maison d’édition Hauteur d’homme, créée par le photographe Luc Olivier. Il a été écrit en collaboration avec Bernard Jollivet et Pierre Présumey. Il met en lumière l’histoire de la ville à l’époque médiévale, mais aussi celui que l’on suppose être à l’origine de celle-ci à la chapelle des reliques, Pedro Berruguete un peintre Espagnol majeur de la Renaissance.

Pourquoi avoir eu envie d’éditer ce livre ?

Luc Olivier : Avec Pierre Présumey, on avait envie d’écrire un livre sur cette œuvre majeure. C’est ma rencontre avec Alejandro Cely Velasquez, qui a écrit un mémoire sur cette fresque, qui a été le prétexte de le faire et le fait qu’il l’attribue à Pedro Berruguete un peintre Espagnol majeur de la Renaissance, car on ne savait pas par qui elle avait été réalisée. On s’est servi de celui-ci pour en faire une histoire très intéressante qui met en scène de grandes figures historiques.

Que révèle précisément cette fresque ?

Pierre Présumey : Elle synthétise presque tout l’héritage de l’Antiquité. On retrouve, au pied de ces représentations, le grammairien Byzantin Priscien, Aristote, le plus grand philosophe de la tradition grecque, le grand orateur latin Cicéron, et Tubalcaïn, qui est un personnage biblique. C’est un résumé de la culture occidentale qui est incarnée par de très belles femmes. Cette fresque témoigne que le savoir est ancien, mais accessible et désirable. La fresque représente les 7 Arts libéraux digne d’un homme libre, à l’exception des arts manuels ou mécaniques qui étaient réservés aux hommes du peuple et aux esclaves à l’époque Romaine.

Comment peut-on attribuer la réalisation de la fresque à Pedro Berruguete ?

Bernard Jollivet : Le travail d’Alejandro Cely Velasquez a permis de comparer différentes œuvres dans une approche stylistique. La confrontation des figures de la fresque du Puy-en-Velay, avec celles qu’il a pu trouver en Espagne, en Italie, ou ailleurs, relève des éléments troublants. Il émet l’hypothèse que ce peintre, qui a eu l’occasion de rencontrer le chanoine Odin en Italie, est retourné dans sa ville natale en Espagne, avant d’effectuer une étape au Puy-en-Velay pour réaliser cette fresque. Mais il n’est pas impossible que d’autres historiens émettent d’autres hypothèses dans les années qui viennent.

Comment avez-vous retranscrit le travail d’Alejandro Cely Velasquez dans ce livre ?

Bernard Jollivet : Il a fallu rendre abordable ce mémoire qui s’adresse à des historiens d’art. J’ai procédé à un travail d’enquêteur, car c’est une œuvre dont on ne pourrait très bien ne rien savoir aujourd’hui. Elle a été découverte un peu par hasard lors des travaux qui ont été effectués à la cathédrale du Puy-en-Velay. C’est Mérimée qui a soulevé l’idée d’avoir découvert les éléments de la peinture murale à l’architecte en 1850.

Et puis, il y a l’histoire de cet ecclésiastique qui a retrouvé à Lyon un livre intitulé « Les fameuses chroniques de Médicis » écrit par un Ponot, un ouvrage qui avait complètement disparu de la circulation. C’est la reconstitution de toutes ces traces qui a rendu mon travail intéressant.

Cette fresque représente un atout culturel pour la ville du Puy et le Velay ?

Pierre Présumey : Oui ! Il faudrait qu’elle soit mieux connue et rendue plus accessible. Le livre va certainement contribuer à sa promotion et à permettre de révéler toutes ses richesses.

Bernard Jollivet : Cette œuvre est tout à fait considérable et y compris dans l’histoire de l’Art en général. Peu de gens du coin l’estime à sa juste valeur. C’est une page de l’histoire du Puy-en-Velay qui date du monde médiéval, avec une université qui, à l’époque, avait un rayonnement sur l’ensemble du sud de la France, si ce n’est pas au-delà.

Pour en savoir plus :
Alejandro Cely Velasquez l’auteur de la thèse, animera une conférence le vendredi 9 juillet à 18h45 à l’audotorium de l’Hôtel-Dieu.