Jérôme Celle nous a ouvert les portes de l’entreprise Celnat qui fêtera ses 40 ans l’an prochain, et qui est pionnière de la transformation de céréales bio à Saint-Germain-Laprade. Elle a su profiter de l’attractivité du Velay pour se développer, et en particulier de son climat, et elle est aujourd’hui reconnue à l’international, depuis son rachat par groupe espagnol Ebro Foods. Un projet de développement est d’ailleurs prévu pour les 5 ans à venir. Il évoque tout celà à travers les questions que nous lui avons posées…

Quelles ont été les événements marquants de l’entreprise depuis sa création ?

La création remonte à 1979, l’époque des pionniers de la bio. C’était une petite SARL avec un salarié, ce que l’on appellerait aujourd’hui une startup. A l’époque il y avait très peu de magasins bio tels qu’on les connait aujourd’hui, comme ce que l’on voit dans les supermarchés. Il y avait plutôt des petites boutiques diététiques de centre-ville, et il y avait des associations de consommateurs qui avaient parfois des hangars dans des endroits un peu cachés, et qui étaient les premiers clients de Celnat.  Quand ces magasins coopératifs ont pris le statut de commerce et se sont peu à peu professionnalisés, ça a donné naissance au réseau Biocoop, qui est le réseau de magasins bio le plus connu aujourd’hui. Au fil des années, la filière bio s’est beaucoup développée et l’entreprise a suivi ce développement dans le secteur des céréales. Le dernier projet le plus marquant au niveau de l’usine a été la construction d’un nouveau bâtiment mis en service à la fin de l’été 2013.  C’est usine qui va nous permettre de relever le défi des volumes devant lequel on se retrouve maintenant.

Le fait d’être implanté dans le Velay à Saint-Germain Laprade est un atout pour l’entreprise ?

C’est un atout dans le sens où l’on a un climat qui est plutôt propice au stockage des céréales, sans avoir trop d’ennuis avec les insectes. Le temps est relativement frais et sec tout au long de l’année. C’est moins un atout du point de vue logistique, car nous ne sommes pas sur les grands axes des circuits logistiques nationaux pour la livraison de nos produits finis, mais l’avantage du climat c’est supérieur au désavantage de la position logistique.  

Comment Celnat est-elle devenue pionnière dans le secteur des céréales bio en Europe ?

Tout simplement par le fait que mon père travaillait dans la minoterie familiale Celle. La famille était donc déjà dans le métier de la transformation des céréales depuis quatre générations, et donc tout naturellement quand il s’est intéressé au marché de la bio, c’était pour y jouer un rôle dans le domaine des céréales. C’était un bon axe de réflexion et de développement parce que la consommation de céréales c’est la base de l’alimentation, avec les légumes secs et les produits végétaux. Les céréales occupent une place importante, et sur ce marché, on est en plus sur une diversité de céréales qui est très large. Dès le départ, Celnat a développé une gamme de produits transformés à base de céréales qui était très large, et avec son propre savoir-faire. C’est nous qui transformons les produits en partant directement de la matière première achetée aux agriculteurs.   

Quel est la réflexion engagée par Celnat pour aborder l’avenir ?

L’évolution de la bio maintenant c’est le défi des volumes, puisque le marché a atteint un niveau d’importance en termes de chiffre d’affaire qui fait qu’il n’y a plus une enseigne de distribution, il n’y a plus un secteur industriel du monde de l’alimentaire qui ne s’intéresse pas aux produits bio. Donc il y a à la fois un appel d’air considérable sur les marques bio pour développer leurs ventes et leurs volumes de production, mais il y a aussi en même temps l’arrivée de nouveaux concurrents qui pour certains d’ailleurs font partis de groupes internationaux gigantesques, et donc ça va être pour nous un défi considérable et un challenge avec potentiellement de grandes opportunités pour la marque Celnat, avec l’avance que l’on a sur ce marché, à travers notre enracinement et notre savoir-faire, et donc on a une réflexion pour faire évoluer le site de Saint-Germain Laprade où sont regroupés l’ensemble de nos équipements industriels, pour les rendre plus productifs, plus adaptés à cette évolution des volumes, tout en maintenant la polyvalence, en préservant la qualité des produits qui est notre priorité depuis toujours. Cette réflexion débouchera dans les années qui viennent sur de nouveaux travaux sur le site. Enfin, je souhaitais depuis longtemps structurer le mécénat d’entreprise dans un fonds ou une fondation, c’est maintenant chose faite, cela a été annoncé le 22 juin dernier. L’objectif de ce fonds de dotation, c’est au-delà de faire des dons, se mettre en synergie avec les acteurs associatifs et significatifs au niveau du développement de la bio agricole sur le territoire, comme Haute-Loire Biologique, sur un projet de mise en place de filière sur le blé ancien en Haute-Loire, et la Fondation Terre de liens qui agit pour le développement du foncier agricole bio. Nous on rejoint au conseil d’administration des membres la belle école d’agronomie régionale à Clermont-Ferrand, et de l’INRA de Clermont-Ferrand.