Pagès, champion de la marque distributeur en France
L’invité de la rédaction pour ce mois de janvier est Thomas Auriau, directeur général de Pagès Thés et Infusions. Pagès s’apprête à investir dans une nouvelle ligne de production à Espaly-Saint-Marcel. Le volume d’activité est en constante augmentation depuis quelques années dans cette entreprise emblématique du bassin du Puy-en-Velay, spécialisée dans la production de thés et infusions. Cela va s’accompagner d’une dizaine d’embauches d’ici la fin de l’année. Rencontre avec Thomas Auriau, directeur général depuis la fin 2020. Un chef d’entreprise d’origine parisienne, amoureux de la nature, qui est tombé littéralement sous le charme du Velay.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les investissements prévus par l’entreprise ?
Thomas Auriau : Tout d’abord, il faut préciser que Pagès a fait 41 millions de chiffre d’affaire en 2024, et a produit environ 40 millions de boites de thés et infusions. Sur les quatre dernières années, l’entreprise a vu son volume d’activité progresser de plus de 35%.
Pas besoin d’être mathématicien pour comprendre que l’outil de production est mis à contribution. Nous avons acheté en 2022 et 2024 deux nouvelles machines pour remplacer les anciennes. Le seul levier qu’il nous a resté a été de positionner du personnel la nuit sur les lignes de production pour suivre le rythme. Alors, on décidé d’aménager l’usine pour créer une nouvelle ligne de production. Ce sera la 6e dans l’entreprise,et cela représente un investissement de 4 millions d’euros.
Les investissements devront être complétés dans les années qui viennent pour compléter cette ligne de production, car sur une ligne, on a aujourd’hui entre 5 et 6 machines.
Les effectifs vont être revus à la hausse ?
Nous sommes 100 salariés aujourd’hui, dont 90 sur le site de production. Il y a une dizaine de vendeurs qui sont dispatchés dans des régions clés un peu partout en France. On compte embaucher une dizaine de personnes supplémentaires d’ici la fin de l’année avec la création de cette nouvelle ligne de production.
L’idée est aussi de conforter la place qu’occupe Pagès sur le marché ?
Derrière les 35% de volume en plus et les 50% de chiffre d’affaire supplémentaires, on a gagné des parts de marchés. En fait, on a deux piliers : le premier c’est la marque distributeur. Et ensuite, on a la marque Pagès. Ces deux piliers répondent, entre guillemets, à des choses que les concurrents ne savent pas faire.
On a des concurrents majoritairement étrangers au niveau de la marque distributeur. Et puis, on a une connaissance du marché français et de la catégorie de nos clients qu’ils n’ont pas. On s’en rend compte lorsque l’on répond à des appels d’offres.
Pagès est une marque reconnue dans la grande distribution ?
On est les champions de la marque distributeur en France, avec 80% de parts de marchés ! Les français se sont en effet beaucoup tournés sur les marques distributeurs. On est conscient que l’on ne va pas entrer dans une énorme vague de déflation et du coup, le jeu en présence entre les prix de la marque distributeur et la marque nationale va rester telle que, et donc la marque distributeur va rester compétitive.
De l’autre côté la marque Pagès fait partie des rares marques qui n’est pas une marque internationale comme Lipton ou Twinings, mais qui est une marque qui a un héritage de 165 ans qui parle aux français.
On privilégie la relocalisation des plantes avec une gamme de produits français. Nos recettes sont gourmandes et elles permettent de distinguer les goût des plantes et des arômes.
La marque Pagès en 2024, c’est +15% de croissance en grandes et moyennes surfaces. On attend de bonnes nouvelles cette année sur des référencements complémentaires.
Le fait que Pagès est une entreprise ancrée sur le territoire est un atout ?
Oui, car cela rentre dans la singularité de l’entreprise dans son environnement concurrentiel. Aujourd’hui, on est dans un monde du capitalisme fou, avec de grosses boîtes qui délocalisent, qui changent les règles du jeu de leurs usines, qui en montent en Europe.
Nous on est là depuis 165 ans. La boite est née avec la verveine et la liqueur au Puy-en-Velay. On est dans cette usine depuis 1969. Il y a donc des choses qui ne bougent pas. Et puis, le Velay est un territoire de plantes à infusions, même s’il y a la réalité du sourcing aujourd’hui. On essaye de revenir à contre courant du vent de mondialisation que l’on a eu dans les 70 dernières années. On a pris la décision en 2021 de relocaliser les plantes sur la marque Pagès.
Sur le territoire justement, quel est l’endroit qui, personnellement, vous permet de vous ressourcer ?
J’ai repris l’entreprise fin 2020. J’ai appris à découvrir le département. Il se trouve que je suis attiré par la nature et sa pureté. Contrairement à d’autres régions, il y a ici un attachement à préserver le territoire. J’aime marcher et faire du vélo.
Quand j’ai du temps à moi, je me rends au golf du Puy-en-Velay, qui est à 5 minutes de l’entreprise. C’est un vrai plaisir de pouvoir faire un 9 trous en 1h30. Il y a une vue magnifique sur la ville au niveau des trous 7 et 8 ! Cela m’émeut à chaque fois.
Et l’état d’esprit des gens que vous rencontrez ?
On dit que les auvergnats sont particuliers, mais je dois dire que j’ai été extrêmement bien accueilli par les autorités, les chefs d’entreprises, mon comité de direction et les salariés en général.
Cela va un peu à l’encontre des idées reçues ! Je trouve également que dans le réseau local, entre guillemets, et parce que c’est un petit département, il y a une notion d’entraide et de solidarité, que j’ai rarement vu ailleurs. Peut-être en Belgique où j’ai eu l’occasion de travailler. Cela s’explique peut-être parce que c’est un petit pays en Europe.
Pratique :
Pagès, thé & infusions
Route des Estreys – 43000 Espaly-Saint-Marcel
Tél. : 04 71 09 93 40
www.pages.fr