La Scop Fontanille met le cap à l’international

·25 novembre 2024·Actualités·6 min·

À Espaly-Saint-Marcel, la Scop Fontanille spécialisée dans le ruban élastique et l’enduction silicone, veut se renforcer à l’export. La convention signée dernièrement avec la Région va lui permettre de récupérer de nouveaux contrats à l’échelon international et notamment en Amérique du Sud. Elle va donc profiter de son savoir-faire ancestral pour fabriquer et vendre des bas de contention au Brésil et développer son chiffre d’affaire. Cette nouvelle opportunité devrait s’accompagner de nouveaux recrutements. Rencontre avec Philippe Ribeyre, le pdg de l’entreprise.

Fontanille c’est plus de 160 ans de savoir-faire ?

Philippe Ribeyre : Oui. L’aventure a démarré il y a 164 ans. La famille Fontanille a été à l’origine des dentelliers. Il y a eu la dentelle au carreau au tout début, puis la collecte des dentellières. À l’époque, elles étaient réunies dans le bâtiment qui abrite aujourd’hui le Tribunal de commerce. Tout cela a duré jusque dans les années 1900.

Il y a un virage qui a été pris à ce moment là, car dans ces années-là, la dentelle qui était réalisée n’était pas élastique. L’idée est venue d’en fabriquer avec l’arrivée des machines mécaniques. L’entreprise a pris une autre dimension.

Fontanille doit sa renommée à la traversée de l’Atlantique ?

Après être allée aux États-Unis, la famille Fontanille a commencé à vendre de la dentelle dans le monde entier. Le marché s’est fragilisé dans les années 80 avec l’arrivée des pays asiatiques sur le marché de la dentelle. Fontanille s’est réinventé en fabriquant des hauts de bas qui ne sont autres que les jarretières. Cela a été le cas également dans les années 2000 avec la fabrication de bas de contention, avec de nouveaux silicones adaptés aux exigences médicales.

Cela a permis de travailler avec les plus gros fabricants de Saint-Étienne. Aujourd’hui, il faut préciser que l’on travaille à 80% pour le secteur médical.

Et puis, tout a basculé en 2012 ?

Oui, au niveau de la gestion de l’entreprise. Depuis plus de 160 ans, chaque dirigeant a marqué l’histoire de Fontanille. L’entreprise a été placée en liquidation judiciaire en 2012, après trois redressements judiciaires. Avec plusieurs salariés qui ne voulaient pas subir la situation, et qui ne voulaient pas que l’entreprise ferme, la Scop a été montée. 46 personnes se sont lancées dans cette aventure sur les 80 salariés qu’elle comptait.

Combien il y a t-il de salariés aujourd’hui et que fabrique-t-on comme produits ?

Nous sommes 50 salariés aujourd’hui. On fabrique toujours des jarretières siliconées. Cela représente environ 6,5 millions de mètres de rubans par an. On fabrique également des bas de ville pour le marché de la mode et on travaille de la dentelle pour le secteur du luxe. Enfin, on fabrique aussi des bandes élastiques pour les pneumatiques.

Le Made in Velay est une promesse de qualité ?

Oui. En fait, ce qui nous différencie par rapport à la concurrence c’est la traçabilité. En Italie par exemple, il y a une entreprise qui tricote à un endroit, une autre qui est spécialisée dans la teinture mais qui se trouve à 200 km, et une autre qui est à 500 km et qui est spécialisée dans l’enduction. Ici, tout se fait en interne. Pour les produits destinés, par exemple, au secteur médical, c’est très important car il y a une traçabilité exemplaire. C’est un gros point fort de l’entreprise !

La Scop Fontanille vient d’entrer dans le réseau des PERL ?

Oui. Il faut tout d’abord souligner que la région nous a rendu grandement service depuis le début de la création de la Scop. Le réseau PERL, qui regroupe des entreprises triées sur le volet pour leur potentiel et que nous venons d’intégrer, permet d’entériner le partenariat que nous avons avec elle.

La formation qui a été suivie par les 7 nouveaux salariés que nous avons, a été financée à 90% par la Région. La convention qui a été signée avec elle va nous permettre d’accéder à un ensemble de services propres à nous accompagner dans notre développement à l’international.

L’entreprise met donc le cap aujourd’hui sur l’Amérique du Sud ?

Oui, le Brésil en particulier. J’y suis allé en 2013 avec l’ancien dirigeant de Fontanille et je me suis rendu compte que c’était un pays qui bouillonnait, qui était en pleine croissance et qu’il y avait donc une vraie opportunité. Je me suis dis qu’il fallait s’y intéresser de près lorsque j’y suis retourné en 2023.

On connaît bien le marché en France et ses limites. On veut développer notre activité et par conséquent notre business. Notre chiffre d’affaires à l’export est actuellement de 25%, on espère atteindre les 28%, voire 30%, en vendant des produits concernant le secteur médical.

On veut surfer sur le fait que la chirurgie esthétique soit très répandue là-bas. Les prescriptions de bas de contention sont automatiques dès que l’on est hospitalisé. Il y a un gros marché à aller chercher car on dispose d’un savoir-faire qu’il n’y a pas là-bas !

Des emplois supplémentaires sont-ils prévus ?

Oui, automatiquement dès lors que l’on développera notre chiffre d’affaires. On peut imaginer la création de 5 voire 10 emplois à l’avenir.

Enfin, la transmission du savoir-faire reste une priorité ?

C’est quelque chose d’impératif ! Quand je suis rentré chez Fontanille il y a 35 ans, il y avait des dizaines de personnes formées à certains métiers. Au fil du temps, elles sont parties de l’entreprise, emmenant avec elles leur savoir-faire. Il n’y en a plus qu’une aujourd’hui. C’est donc important d’anticiper le jour où elle va partir, car le savoir-faire que l’on a ici nécessite entre deux et quatre ans d’apprentissage et en particulier au niveau du tricotage.

Pratique :
Fontanille SCOP
Le Séjalat – 16, route de Compostelle
43000 Espaly Saint-Marcel
Tél. : 04.71.02.99.50
www.fontanille.fr