Jacques Darne a redonné vie au moulin du Pinard
Jacques Darne a mis 28 ans pour restaurer avec passion le moulin de son enfance au lieu-dit La Varenne, sur la commune de Saint-Julien-du-Pinet. Il s’appelle Le moulin du Pinard et il se trouve dans un petit coin de paradis niché en contrebas de la Via Fluvia, en plein cœur de sa propriété. Sur place, les visiteurs peuvent découvrir entre autres, son histoire et pourquoi il s’appelle ainsi, mais aussi une reconstitution de l’ancienne voie ferrée La Galoche.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de restaurer ce moulin ?
Jacques Darne : C’est avant tout l’amour et le respect du petit patrimoine. Et puis, c’est lié à des souvenirs d’enfance. Je suis lié à l’histoire de ce moulin à travers mon père et à celle du train La Galoche qui circulait près d’ici.
Pourquoi s’appelle-t-il Le moulin du Pinard ?
C’est en fait l’œuvre de M. Charbonnier qui était l’ancien propriétaire et qui a fait un petit dessin explicite sur la porte du moulin. Il représente une bouteille et un verre posé sur la table avec l’inscription « moulin du Pinard ».
En fait, c’est tout simple. On descendait à ce moulin avec un petit sac de grains de blé sur l’épaule. Ensuite, il fallait remonter la farine de la même manière. Et comme, entre temps, il y avait un délai de 20 à 30 minutes, on mettait une bouteille de vins dans ce sac et on le consommait pendant que le moulin tournait !
C’est un moulin familial ?
Oui. Non seulement il existait du temps de mes parents, mais il fait partie des nombreuses collections de moulins qui existait en Haute-Loire. J’ai entendu dire qu’il y en avait 1.500 il y a quelques siècles. Ils ont été installés en gros, après la révolution française. Sur un vieux cadastre datant de Napoléon, il est écrit qu’il existe depuis 1833.
Vous avez également reconstitué l’ancienne voie ferrée La Galoche ?
Il s’agit d’un petit conservatoire en fait. J’ai souhaité y faire figurer le train de La Galoche assez fidèlement. Je me suis procuré auprès des voies ferrées du Velay qui gèrent le train touristique à Tence, du matériel de réforme. Il s’agit de petits wagons que j’ai rénové et qui sont authentiques. Il y a une locomotive en tête du convoi, en tous les cas, ce qui y ressemble. J’ai mis 28 ans pour réaliser tout cela.
La Galoche a fait parler d’elle à la fin de la guerre ?
La galoche a fonctionné de 1892 à 1952 et il faut savoir que le 26 juin 1944, le train a déraillé tout près d’ici à cause de la guerre. 13 personnes sont mortes. Le hasard a voulu que ma mère a été témoin du déraillement. C’est un événement local dont j’ai beaucoup entendu parler lorsque j’étais enfant.
Il y a des documents d’époque dans l’un des wagons ?
Oui. Il y a toute une collection de photos, de textes qui reprennent en gros toute l’histoire de cette Galoche.
C’est une façon de préserver la mémoire du passé ?
Sans aucun doute ! C’est effectivement pour laisser une trace de l’histoire qui a été vécue ici, l’histoire avec un « h » minuscule et sans prétention !
Tout cela est à découvrir dans votre propriété privée ?
Tout cela tient un peu à la partie négative mutation de notre société. Aujourd’hui, on est obligé de se calfeutrer chez soi pour ne pas avoir à faire à des gens mal intentionnés. On est entouré de clôtures et de panneaux d’interdiction. Ce n’était pas comme ça dans ma jeunesse ! Tout le monde passait chez tout le monde, sans rendre de compte et sans l’intention de faire des dégradations. Je suis donc attaché à ce mode de vie et c’est pour cela qu’il ne m’est pas venu à l’idée de m’enfermer chez moi. Je laisse donc l’accès libre, moyennant quelques recommandations qui sont affichées dans ma propriété.
Pratique :
Le Moulin du Pinard
La Varenne – 43200 Saint-Julien-du-Pinet
Accès libre toute l’année