Du whisky, du gin et de la vodka aux plantes locales à la distillerie Mezenk
La distillerie Mezenk a vu le jour à 900 mètres d’altitude aux confins du Velay et du Haut Lignon. Elle tire son nom de la proximité de l’iconique Mont Mézenc. Sur place, les premiers whiskys ont été mis en fûts. En attendant leur commercialisation, Jacques Vigier, un œnologue distillateur diplômé de Bordeaux en 1993, propose une gamme de vodka et de gin, conçue avec des recettes à base de plantes de la région dont il a le secret. Il commercialise même un spiritueux sans alcool.
Quel a été votre parcours avant d’ouvrir cette distillerie ?
Jacques Vigier : Je suis Cantalou d’origine. En 1993, j’ai passé un diplôme d’œnologue à Bordeaux et j’ai travaillé durant de nombreuses années dans le domaine viticole. J’ai ensuite travaillé une dizaine d’années dans l’industrie de la betterave, du sucre et de l’éthanol industriel.
J’ai voulu ouvrir cette distillerie depuis que je suis tout jeune. Je faisais du vélo et du ski de fond et je trouvais que cette région où je me trouve aujourd’hui ressemblait à l’Ecosse. Je me suis dit que je ferai du whisky quand je serai grand ! C’était dans les années 80/90. À l’époque j’étais trop jeune et le whisky français était inexistant. À la fin de ma carrière professionnelle, je me suis dit que c’était le moment. Mon activité a réellement démarré il y a un peu plus d’un an avec mes premières distillations.
Quelles sont les spécificités de votre distillerie ?
J’ai commencé à distiller du whisky, mais il faut qu’il vieillisse pendant trois ans en fûts. Ils seront prêts pour Noël 2026. Dans l’intervalle, il faut tout de même alimenter la machine ! Comme j’ai une passion profonde pour la botanique, liée à mes études scientifiques et qu’il y a de vrais trésors ici sur le plateau, je me suis lancé dans la distillation de vodka et de gin.
Et pourquoi l’avoir appelé Mezenk ?
La plupart des distilleries utilisent le mot distillerie dans leur nom. Je voulais donc me différencier. J’ai cherché un nom qui soit court, impactant et facile à retenir, ancré dans le territoire, car je revendique la notion de spiritueux de terroir. J’ai donc trouvé judicieux de donner le nom de la montagne emblématique du département qui se trouve à quelques kilomètres à vol d’oiseau, de là où se trouve la distillerie.
Quels sont les particularités du matériel que vous utilisez ?
Il faut réaliser une bière frustre pour réaliser du whisky. Je fais ce que l’on appelle un vin de malt avec la cuve de brassage pour faire tremper le malt dans de l’eau chaude pour extraire les sucres fermentescibles et pour obtenir un genre de moult de malt, avant d’être distillé.
J’utilise un alambic qui me sert exclusivement pour les whiskys et que j’ai baptisé Pierre, en clin d’œil à mon tonton et un petit alambic que j’ai surnommé Félix, son deuxième prénom. Il est en cuivre et il est chauffé au bois de nos forêts dans lesquelles nous faisons de nouvelles plantations, et à l’électricité. Je l’utilise pour les plantes. Il y a aussi des amphores en terre cuite.
Un mot sur les recettes qui servent à produire les alcools ?
Les eaux de vie de malt sont distillées deux fois, avant de vieillir en fûts de chêne et acacia. Les plantes que j’utilise sont macérées dans l’alcool avant d’être distillées dans le petit alambic et d’être affinées durant de longues semaines, voire de longs mois dans les fameuses amphores. Cela permet d’équilibrer et de maturer comme il faut l’alcool avec l’eau.
Quels types de plantes utilisez-vous ?
95% des plantes que j’utilise sont de la région. Il y a ce que je plante moi-même, comme la menthe, la verveine ou l’absinthe. Je cueille du sureau qui pousse dans la nature, mais également de la cistre qui est la plante emblématique du Mézenc ou du serpolet. Et puis, je fais appel à des ramasseurs pour les fruits que l’on trouve sur les baies, comme par exemple les myrtilles, les prunelles, les framboises ou les mûres. Et puis, il y a également les champignons !
Quelles sont les particularités de vos alcools ?
La vodka est, de base, un alcool relativement neutre. Je l’aromatise donc avec des saveurs typiques d’ici, à la framboise et à la verveine. Je produis des gins basés sur le genièvre et agrémentés de plantes locales. Dans ce que l’on appelle les London dry, on y retrouve des épices et des agrumes.
Je ne vois pas l’intérêt d’en proposer car il n’y en a pas ici ! Je produis une liqueur de gin à la prunelle en été et un gin aux girolles, aux cèpes, aux mûres et à la châtaigne en automne. Je propose également une liqueur distillée à la gentiane, en clin d’œil à mes origines et un spiritueux sans alcool. Ma gamme de produits s’est élargie avec une liqueur distillée de douglas et une liqueur distillée de sureau.
Quelle clientèle ciblez-vous et comment se procurer vos produits ?
Tout d’abord les professionnels, comme les cavistes comme par exemple la cave Marcon, les restaurateurs ou les épiceries fines. Et puis, je privilégie la vente directe ici même à la propriété, par le biais du « spiritourisme » qui est consacré aux spiritueux. On peut me contacter par téléphone pour visiter la propriété et acheter les vins que je produis.
Pratique :
Mezenk
655 Chemin de Laprat – lieu-dit Les Bouix
43200 Saint-Jeures
Téléphone : 06 27 38 35 64
Facebook Distillerie Mezenk
Instagram Mezenk Distillerie