À Espaly-Saint-Marcel, l’entreprise Fontanille, spécialisée dans le textile médical depuis un siècle, revient de loin. Vouée à disparaitre en 2012, elle renait de ses cendres, grâce à une quarantaine de salariés qui l’ont transformé en Société Coopérative et Participative. Elle produit en grande majorité des bas de contention et de la lingerie, pour de grandes marques nationales et internationales. Rencontre avec Rolland Arnaud, le PDG de l’entreprise.

Quelle a été la recette miracle pour faire revivre l’entreprise ?

Rolland Arnaud : Il n’y a pas eu de recette miracle ! Fontanille, c’est une histoire de 160 ans. Il y a donc un savoir-faire, des hommes et des femmes qui s’investissent et une volonté de sauvegarder l’emploi. On connaissait bien nos clients, il y avait du potentiel, le tout était de réorganiser l’entreprise, de s’appuyer sur la formation du personnel, de donner de la fierté aux salariés et de permettre à l’entreprise de se reconstruire.

Voilà ce qui a permis de surmonter aux difficultés que nous avons connues.

Il a fallu faire des choix difficiles ?

Oui, car nous étions 70 personnes avant la liquidation judiciaire, nous sommes passés à 46. Personnellement, en tant que leader du projet de Scop, j’ai dû faire des choix difficiles. Je ne voulais pas avoir du personnel transparent. Je voulais des personnes qui aient la culture de la Scop. J’ai eu des choix à faire au niveau humain, et au niveau de la production. Nous avons arrêté tout ce qui était basique, pour aller vers des produits à valeur ajoutée.

Que produit-elle aujourd’hui ?

Aujourd’hui, nous fabriquons des rubans et des dentelles élastiques. Une toute petite partie pour la lingerie, avec des produits à valeur ajoutée comme le velours, par exemple. Nous sommes très peu d’acteurs à en fabriquer. Nous fabriquons des auto-fixant pour la mode, nous sommes leaders dans ce marché. Le gros de notre chiffre d’affaires, c’est au niveau des bas de contention pour le secteur médical.

Quels sont vos clients ?

On livre les entreprises les plus importantes au niveau national, européen et mondial. On travaille pour Sigvaris qui est le leader mondial dans la fabrication des bas de contention à Saint-Just-Saint-Rambert. On travaille pour des marques de mode comme Dim ou Well. À l’étranger, nous travaillons pour des entreprises comme Cizeta ou Eres dans le secteur de la lingerie. On travaille également pour Airbus, on leur fournit des gaines qui vont servir à mettre des fils électriques.

On fabrique également des bandes élastiques pour Michelin. Elles servent à faire les flancs de pneus ou à permettre la contention des pneus avant la cuisson, afin qu’ils soient ronds.

Le Made in France est une promesse de qualité ?

Le Made in France, c’est plutôt une promesse d’excellence ! Aujourd’hui, on ne peut pas être moyen. Il faut viser l’excellence tout en restant compétitif. C’est le challenge que nous nous sommes fixés. On a misé également sur la formation, car je me suis rendu compte qu’il y avait des personnes qui n’avaient pas suivi de formation depuis 30 ans.

On les a remis autour d’une table. Ensuite, on a effectué une formation de cohésion avec les 46 salariés. Avec le temps qui passe, on perd l’habitude de se présenter ou d’écrire et pour moi, c’est important de présenter ce que l’on fait, avec quelques mots simples. C’est important, par exemple, quand un client vient nous voir.

Parlez-nous des outils de production…

L’outil de production représente 30 millions d’euros. Nous avons 150 machines au total, sur une surface de 8.000 m2. Nous avons des machines qui ont 80 ans, ou qui ont 3 ou 4 ans. C’est aussi pour cela que nous avons voulu sauvegarder l’entreprise. On peut travailler sur des niches, c’est notre différence par rapport à nos concurrents. On achète du fil, on fabrique du ruban que l’on teint et sur lequel est déposé du silicone liquide. Cette entreprise, c’est la seule en Europe qui peut proposer ce service aux clients.

Des embauches et des projets en vue ?

Je suis serein pour l’avenir. On a fait une bonne année 2019 et 2020 se présente bien. Ce qui a changé c’est la culture des produits. On développe des projets, alors qu’auparavant on travaillait vraiment dans le secteur de la mode où il fallait apporter un nouveau produit en 6 mois. Aujourd’hui, il faut plutôt 3 à 4 ans pour développer un projet.

Après, cela va nous permettre de travailler pendant 4 ou 5 ans. Aujourd’hui, on est plus dans des projets techniques. Mon métier, c’est d’anticiper l’avenir et de penser à la transmission du savoir. Nous avons mis en place un plan d’embauche qui va permettre de recruter entre 6 et 7 personnes. On travaille à ce sujet avec l’État et la Région.

Et puis, c’est important de former les gens, car nous avons des métiers de plus en plus techniques et quand on vise l’excellence, il faut avoir des gens performants, qui deviennent curieux, qui ont envie de travailler, qui ont le goût à l’effort ! On vient de prendre un élève ingénieur en apprenti. On va l’amener de BAC+2 à BAC+5. Nous avons également deux apprentis en maintenance que l’ont va amener en BTS 2è année et en Licence. On les accompagne dans leur projet de formation et leur projet de vie.

Pratique :
Fontanille SCOP
Le Séjalat – 16, route de Compostelle – Espaly Saint-Marcel
43000 Le Puy-en-Velay
Tél. : 04.71.02.99.50
www.fontanille.fr